Rencontre avec Elodie Fabbri, designer & directrice artistique

Elodie Fabbri, talentueuse designer basée à Paris, nous parle de ses inspirations, de son process de travail, avec à la clé quelques bons conseils et ressources.

1. Bonjour Elodie, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour Arnaud, merci pour cette interview. Je m’appelle Élodie Fabbri, j’habite Paris, suis designer et directrice artistique. Je crée des produits et expériences numériques.

Depuis fin 2017 je me suis lancée en freelance et ai rejoint le Studio 4, un espace de travail (dans le 11eme arrondissement de Paris) que je partage avec Damien Poulain, Tristan Bagot, Mathieu Meyer, Pauline Caranton et Matthieu Nicol.

Je partage mon temps entre le travail en interne chez mes clients et le studio, en travail à distance.  Je collabore régulièrement avec d’autres designers, studios et développeurs.

2. Comment est né ton attrait pour le design ?

Mes parents ont des formations de designers industriels. Très jeune j’ai été sensibilisée à la question du design, dans un sens d’organisation de l’environnement et de l’espace.

Ma pratique a commencé lorsque j’ai rejoint la formation bac STI arts appliqué (au Lycée le Corbusier). Au fil des enseignements et grâce à l’esprit de liberté qui y régnait, je me suis vraiment intéressée au design. J’ai particulièrement aimé l’aspect appliqué, trouver des solutions à une problématique. J’ai poursuivi mes études en me spécialisant dans le digital (un BTS multimédia), convaincue que c’était un secteur d’avenir. Au début les cours de Flash m’on fait kiffé, donner vie à un design c’était instantanément gratifiant.

Par la suite, après un détour par la Fac de Rennes, j’ai fait un stage au Palais de Tokyo à Paris. C’est là que j’ai pu appliquer tout ce que j’ai appris au cours de ma formation, de la mise à jour du site internet, des dépliants, jusqu’à la signalétique du musée : le design dans sa dimension globale. J’ai apprécié travailler dans un musée, découvert l’exercice de la curation et de compréhension de  la démarche des artistes, afin de retranscrire leurs concepts dans la communication d’une exposition.

Par la suite j’ai suivi la formation CRMA aux Gobelins de Paris, en alternance. Un vrai accélérateur professionnel, qui m’a permis de rejoindre l’agence Ogilvy et de travailler pour le compte de Louis Vuitton pendant deux ans.

3. Tu as travaillé quelque temps à Londres, qu’est-ce que ces expériences t-on apportées ?

Ces 5 années à Londres (2012-2017) on été extrêmement enrichissantes. La première chose qui me vient à l’esprit est l’apprentissage des logiciels Sketch et surtout Principle. Ce dernier est un outil qui permet de faire des prototypes, de tester et itérer les maquettes. C’est Marc Kremers qui m’a poussée à l’utiliser lorsque je travaillais à Future Corp, je le remercie. C’est d’ailleurs à FC que j’ai appris à tirer partie des bonnes pratiques UX mais surtout des les détourner afin de surprendre ou marquer les esprits.

Pour prendre un exemple concret: l’utilisation des curseurs. Quand le site est un peu minimal ou inhabituel dans la navigation, j’aime les customiser pour maximiser leur impact. Comme par exemple sur le site de Studio Augmenta, un collectif de set designers londonien que j’ai designé, et que Tristan Bagot a développé. Cependant je pense qu’il faut aussi faire attention à ne pas tomber dans le seul effet de style. J’aime que les animations supportent un sens vis a vis du projet et restent simples et compréhensibles.

Au-delà de la technique, Londres est une ville extrêmement foisonnante pour la scène du digital – il y a tellement de bons studios que c’est un environnement très stimulant. La mixité sociale, l’aspect cosmopolite ont un impact très positif pour le design.

Aussi en 2012 quand j’ai rejoint Hi-ReS! j’ai pris une grosse claque. Pendant trois ans, j’ai travaillé au sein d’une petite équipe, touche à tout, super libre dans son processus créatif. Avec son propre studio son et photo. Nous étions sans cesse dans l’expérimentation. Les site internets produits visaient toujours l’innovation, ou au minimum l’authenticité. C’était vraiment cool de pouvoir créer nos propres contenus et en parallèle créer l’expérience digitale. Le résultat était d’autant plus homogène et fort.

4. Quels sont tes secrets/ingrédients d’un projet réussi ?

Un projet réussi est un projet que je mets dans mon portfolio !

J’aime travailler avec une équipe ou un client qui partage la même idée d’un design ambitieux et de qualité.

Avec une vraie réflexion, un point de vue, qui souhaite marquer les esprits, et finalement ose sortir du moule. 

J’ai apprécié par exemple travailler avec Kenzo sur quelques-unes de leur pages éditoriales, c’est un chouette support pour pousser les principes d’interactions. Proposant une nouvelle lecture, un storytelling autour d’une collection, mettant en avant le travail de photographes émergents.

Aussi, un facteur qui me semble important est celui du process. Le management d’un projet digital se doit d’être épanouissant. Car il y a d’une part le facteur émotionnel (réussir à établir un brief clair afin d’aller au delà du j’aime/j’aime pas) et d’autre, le facteur technique qui est souvent sous-estimé par les clients.

Au fil de mes expériences j’ai adopté une méthode, un plan points par points que j’adapte en fonction des projets et que je présente à mes clients avant de commencer. D’une part il me permet de m’assurer que les aspirations de départ soient les mêmes pour tout le monde, et d’autre part, cela facilite les échanges. Cela permet ainsi de travailler main dans la main avec les développeurs afin de ne pas reporter tout le stress d’un mauvais process sur leurs épaules en fin de projet.

5. Quelles sont tes inspirations au quotidien ?

Je commence ma journée de travail sur Feedly (bon vieux RSS feed), j’ai des bookmarks et utilise Twitter bien sur. Depuis un an j’utilise are.na, un outil qui permet de sauvegarder des références graphiques (liens/images/vidéo/site web) autours de collections, c’est collaboratif et il n’y a pas de pub.

Du coup je suis pas mal de blogs assez variés comme: Hover states, The gallery, Klikkentheke, Another mag, Good moods, It’s nice that, et également le travail de mes amis DVTK, NoPlans, Jake Dow-Smith, Jack Wild, Jai Sandhu, International Magic.

Pour me sortir de la bulle digitale, je vais dans les galeries, musées et librairies. De manière éclectique j’aime bien Beaubourg pour sa programmation et sa librairie, le MAD, la galerie Perrotin, la librairie Artazart, et l’espace Ground Control.

En juin dernier j’ai eu la chance de participer à une exposition collective sur le thème Out of print à la galerie Le Cœur pour laquelle j’ai choisi de présenter des couvertures de magazines détournées. Utilisant des objet 3D très colorés, je me suis inspirée de l’esthétique d’artistes utilisant des texture réflectives 5fruits, Ada Sokol, Manon Wertenbroek, Traum inc. à mon petit niveau bien sur. J’ai utilisé une typographie de la fonderie Velvetyne, que j’aime beaucoup.

Dernièrement, je me suis mise à la céramique, je suis passé par les studio Clay time à Londres, Melting pot et commence une formation chez Ceramique Paris, j’aime travailler la terre, le tour c’est super méditatif et me change de ma routine très tech.

Pour découvrir plus de travaux et suivre le travail d’Elodie, rendez-vous sur : 

elodiefabbri.com

@elodiefabbri sur Twitter

Merci pour la pertinence de tes réponses, hâte de voir tes futurs projets !

Un commentaire

  • Elodie Bailleul

    Une interview très intéressante avec un partage d’expérience inspirant 🙂 J’ai noté quelques références pour de la veille. Merci !

Répondre Elodie Bailleul Annuler la réponse

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