Designers, vous travaillez dur ? Tout le monde s’en fout !

Les longues heures de travail sont monnaie courante dans notre métier de designer. Faut-il vraiment continuer comme ça pour créer des produits qui répondent à la demande de nos clients ? 

Imaginez-vous après une longue journée de travail. Vous ouvrez votre réfrigérateur, décapsulez votre bière préférée et vous vous étalez sur le canapé. C’est d’ailleurs bien mérité me direz vous ! Comment ne pas s’auto-féliciter après une bonne journée qui à durée plus longtemps que prévue ? Dans laquelle vous avez rempli tout les objectifs de votre to-do liste et bien plus encore. Vous sentez l’effort et votre concentration passée dans la raideur de votre nuque. Le sentiment du travail bien fait vous envahit, quelque soit le temps passé à le réaliser.

Désolé, mais au risque de ruiner cette bonne petite bière, ce sentiment est peut-être faussé. L’humain à tendance à confondre l’effort avec la réalité des résultats. Si comme moi vous travaillez dans un domaine créatif, vous avez peut-être tendance à investir du temps et de l’énergie dans des tâches secondaires plutôt que sur du travail qui compte vraiment.

L’illusion du labeur

Des études psychologiques ont démontré l’existence d’un syndrome appelé « l’illusion du labeur ».  Lorsque nous devons juger le travail d’une autre personne, nous sommes uniquement concentré sur le résultat : celui-ci doit être réalisé vite et bien. Nous devons sentir que notre prestataire s’est donné corps et âme à notre projet.

Photo par Andrew Neel

Dans notre domaine créatif, plus nous réalisons de projets, plus nous développons des automatismes. Lors de mes premières années d’expérience, je mettais beaucoup plus de temps à réaliser un logo ou une interface qu’aujourd’hui avec presque une décennie d’expérience.

Résultat : je travaille aujourd’hui plus vite, avec moins d’efforts, pour un résultat meilleur. 

Avec cette idée en tête, un client peut se sentir trompé ! Pourquoi mes tarifs augmenteraient-ils avec le temps si je travaille plus vite en mettant moins d’efforts pour arriver au résultat final ? 

Annonce inattendue : l’expérience nous rend meilleur et plus expert dans notre domaine.

Photo par rawpixel

Évident non ? Plus d’expertises, de meilleures compétences, de meilleurs conseils, donc un tarif plus élevé. Peu importe le temps passé sur un projet. Ce n’est pas si simple.

En 2011, une étude réalisée par des chercheurs de la Harvard Business School à permis de découvrir que les utilisateurs recherchant un vol en ligne préfèrent attendre plus longtemps pour avoir des résultats de recherche en ligne si le site leur donne l’impression de « travailler dur » en recherchant dans toutes les bases de données des compagnies aériennes. Fou non ?

Cela ne serait pas si fou si nous n’adaptions pas ce comportement à nous-mêmes. Appelons-le le « piège de l’effort ». Il est dangereusement facile de sentir qu’une journée de 10 heures à parcourir votre boîte e-mail ou à répondre à des coups de fil est plus utile que de passer 3h de pleine concentration à travailler efficacement à réaliser des tâches utiles. Demandez à n’importe quel designer, développeur de votre entourage : il vous confirmera que 2 ou 3 heures de concentrations payent plus. A la fois en termes d’argent et d’accomplissement !

Photo par Andrew Neel

Dans le livre de 2013 de Daily Rituals de Mason Currey, un recueil de routines de travail d’artistes et d’auteurs, presque personne ne rapporte consacrer plus de quatre ou cinq heures par jour à ses tâches créatives principales.

En effet, un travail productif ne conduit pas toujours à l’épuisement : quelques heures d’absorption peuvent être très énergisantes. Si vous jugez votre rendement par votre fatigue, vous êtes certain d’être induit en erreur…

Ne jugez pas votre rendement par la fatigue

Il est doublement difficile d’éviter le « piège de l’effort » parce que notre culture renforce tellement son message trompeur : travailler dur est finalement ce qui compte. 

Depuis leur enfance, parents et enseignants nous enseignent la vertu morale de l’effort et l’importance de « faire de son mieux ». De nombreuses approches de la productivité, même les meilleures, telles que Getting Things Done de David Allen, encouragent un état d’esprit « interchangeable ».

En conséquence, à force d’être tellement préoccupées par la clarification et le suivi de vos tâches, vous en oubliez par quelles tâches pour commencer.

Force de constater que trop de lieux de travail communiquent encore subtilement aux employés l’idée que des efforts intenses, généralement sous la forme de longues heures de travail, sont le meilleur moyen d’obtenir une promotion.

Photo par Philipp Mandler

Dans mes expériences passées, certaines personnes au sein de la structure qui m’employait feignaient de rester tard pour donner l’impression qu’ils disposent d’une implication sans limites. En y regardant de plus prêt, ces personnes étaient en déconcentration permanente tout à long de la journée ou travaillait sur divers projets personnels.

Résultat : ils restent tard pour terminer les dossiers de la journée. Malheureusement aujourd’hui encore ces comportements sont parfois encore valorisés par une hiérarchie focalisée sur l’image donnée par un collaborateur et son résultat, plutôt que le process lui-même.

En réalité, si vous pouvez faire votre travail avec brio et partir à 15 heures chaque jour, un très bon patron ne devrait pas faire d’objection. Et du même coup, vous ne devriez pas présenter tous les efforts que vous avez déployés pour en arriver là. Pourquoi un patron axé sur les résultats devrait-il même s’en soucier ? Un travail rendu de qualité est l’essentiel en théorie.

Les efforts que vous déployez ne plaident pas forcément en votre faveur

En Amérique du Nord et en Europe du Nord, le « piège de l’effort » trouve peut-être ses racines dans « l’éthique protestante du travail », la vieille idée calviniste selon laquelle être un travailleur acharné était la preuve que vous aviez été présélectionné pour le paradis.

Pour atteindre le paradis de la créativité, vous aurez toutefois besoin d’une approche différente, qui privilégie les bonnes actions ciblées, et pas seulement beaucoup d’action en nombre.

Commencez toujours par les tâches les plus importantes de la journée.

Le conseil bien connu de réaliser les tâches les plus importantes en premier dans la journée est probablement toujours le meilleur. De cette façon, même si commencez un travail énergivore, vous ne gaspillerez pas la meilleure partie de votre énergie dessus. 

Si votre situation professionnelle le permet, limitez radicalement vos heures de travail : la contrainte supplémentaire tend à placer le travail le plus vital au centre de nos préoccupations. Vous pouvez définir des rappels tout au long de la journée, pour voir si vous devez modifier votre objectif.

Photo dans notre agence, IZHAK.

Personnellement, j’ai remarqué qu’en me fixant une deadline à 17h au lieu de 19h habituellement, j’arrive à être plus productif et ainsi à gagner deux heures de ma journée ! Fou non ? Hélas cette technique ne fonctionne pas lors de journée exceptionnellement désorganisée.

Pour conclure

Rappelez-vous que se fatiguer ou consacrer chaque minute de sa journée de travail au travail n’est pas un indicateur fiable d’une bonne journée. N’oubliez pas que notre énergie par journée est limitée. Le chemin de l’épanouissement créatif peut demander beaucoup moins d’effort que vous ne le pensez !

Mettez tout en oeuvre pour consacrer vraiment vos efforts aux tâches importantes qui feront grandir vos projets.  

Et vous alors ?

Avez-vous déjà eu un travail qui récompensait les résultats surtout, si vous enchaînez de longues les heures de travail ? Quelles sont vos techniques pour éviter de tomber « dans « le piège de l’effort » ?

Cet article est inspiré par ce post sur 99u.

2 commentaires

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