Rencontre avec Lionel Taurus, Senior Designer chez Squarespace

Le talentueux Lionel Taurus nous partage sa vision du métier de designer et directeur artistique, au travers de son parcours dans plusieurs agences de renommée mondiale.

Toujours inspiré par la communauté des créatifs digitaux, j’adore rencontrer et poser des questions aux designers. Cette interview ne fait pas exception à la règle : Lionel nous parle à coeur ouvert de son parcours singulier et des challenges à relever en tant que designer expatrié à New-York.

Bonne lecture !

1. Bonjour Lionel, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Hello ! Mon nom est Lionel Taurus, merci de m’accorder cette interview !

Je suis directeur artistique depuis un peu plus de 8 ans maintenant.

Je suis originaire de Guadeloupe où j’ai grandi jusqu’à mes 17ans. Par la suite, je suis parti en France afin de poursuivre des études supérieures dans différentes écoles d’arts, BTS à Chaumont, DNAT à Valence, CRMA Gobelins à Paris.

Je vis maintenant à New-York et travaille à Squarespace en tant que Designer.

2. Comment as-tu effectué tes premiers pas dans le monde du design ?

S’il y avait un mot pour résumer mon parcours, je dirais “atypique”. Je n’ai jamais vraiment eu de passion pour le design étant jeune avant de comprendre et découvrir le métier que ma grande soeur faisait à l’époque: infographiste.

Ses carnets de croquis et sa passion pour le design m’ont vite interpellé et amené à poursuivre un parcours similaire. Les mathématiques, les langues, et autres matières m’ennuyaient. Bien que je n’étais pas particulièrement mauvais en classe, l’art m’a permis de m’exprimer et m’adapter à mon environnement au niveau de l’apprentissage.

Au final,  j’ai tout tenté pour aller vers cette direction.

3. Tu as eu des expériences dans de belles agences reconnues, quelles leçons tires-tu de ces années ?

Très bonne question ! Je ne sais pas si ce sont vraiment des leçons à tirer, car chaque expérience est unique et personnelle pour chacun. Tout dépend de vos exigences et de vos buts, mais pour ma part, voici mon bilan :

  • Travailler pour une startup était très excitant à la sortie de l’école, mais cela m’a aussi apporté beaucoup d’incertitudes. Le problème des startups, Mob In Life à l’époque, c’est la difficulté de partager la même vision dans l’équipe entre les objectifs et la réalité. Il était très compliqué à l’époque d’aller travailler sans avoir de vision très claire ou précise de là où j’allais poser les pieds.Une petite équipe rend les choses simples en terme de communication, mais s’il y a un quiproquo, le malaise est vite installé. Je ne veux pas faire de généralité, mais à moins de tout regarder du même côté, les startups, ça passe ou ça casse.

  • Travailler dans un studio créatif m’a apporté beaucoup d’autonomie et de projets enrichissants. Make Me Pulse est un studio que j’adore et que je respecte toujours aujourd’hui pour leur projets innovants où j’ai connu beaucoup de challenges.A l’époque, le studio ne comptait que quelques personnes, et étant le seul créatif de l’agence, autant dire que j’avais beaucoup de pain sur la planche.Cependant, plutôt que de me plaindre de la quantité de travail, j’ai au contraire profité de l’occasion pour travailler sur une variété de projets même en n’ayant aucune compétence dans certains domaines le plus souvent.Entre la 3D, l’animation, l’illustration, le design d’applications mobile, de sites internet, d’identités, tout était nouveau et j’ai vraiment touché à tout ce qui me passait sous le nez, sans aucun remords. Il n’y avait aucun intérêt à ne pas le faire, car je n’avais rien à perdre étant le seul créatif, et cela me permettait aussi de comprendre ce qui m’attirait le plus.
  • Travailler pour B-Reel était un vrai challenge, les premiers mois étaient atroces parce que mon anglais était horrible…true story ! Si vous n’aimez pas les études, allez y au moins pour les langues.Nous ne sommes pas très au point à ce niveau en France !C’est dommage, car les agences comme B-Reel ou autres vous dérouleront le tapis rouge pour vos compétences créatives. La french touch est très prisée de ce côté du globe !Mais pour en revenir au travail, B-Reel m’a donné l’occasion de travailler avec de très grands clients comme Facebook, MTV, Nixon, Google, American Express… Ces clients m’ont appris la rigueur et le fait de gérer des projets beaucoup plus grands et ambitieux. Ces marques touchaient un public bien plus large qu’une campagne ordinaire, pour une cible bien spécifique.
  • Travailler à Hello Monday était un peu comme un retour aux sources de ce qui m’avait plu à Make Me Pulse tout en restant à New York. Les projets étaient vraiment variés et cool et j’avais beaucoup plus d’expériences pour répondre aux attentes des clients.Tout me semblait beaucoup plus simple en terme de production, car le studio ne comptait pas beaucoup d’employés. Je pouvais en tant que directeur artistique m’asseoir à côté des développeurs pour peaufiner n’importe quel aspect du projet. Le fait qu’il n’y avait personne faisant de la 3d était aussi une bonne occasion pour moi d’attirer des projets WebGL pour le studio.Le seul inconvénient de cette expérience était le fait que l’évolution dans un studio est très limitée en terme de salaire et de positions. Après quelques années, soit on s’adapte à cette idée ou alors on change d’objectifs parce que l’on devient vite une baleine dans un aquarium.

4. Tu travailles aujourd’hui à New-York, quels sont les challenges auxquels tu as du faire face en tant qu’expat (niveau pro et perso) ?

Au niveau pro, je dirais qu’il faut toujours rester au top de sa réputation. Je viens d’une ville très petite en Guadeloupe et je voudrais laisser la porte ouverte à ceux voulant tenter leur chance. Montrer l’exemple, montrer que tout est possible et accessible et pas aussi fermé que l’on ne le pense.

Le challenge à New York réside aussi dans le fait que tout bouge très vite, une agence très réputée pendant des années peut d’un coup plonger financièrement et passer à la limite de la fermeture et à la limite de vous licencier pour x raisons.

Avec cette insécurité par dessus l’épaule, j’ai pris l’habitude de faire une pause et repenser tous les 2 ans à mes objectifs: l’agence dans laquelle je travaille me plaît-elle toujours? Est-ce que j’arrive à maintenir un bon équilibre entre ma vie personnelle et le travail ? Il y a-t-il toujours assez de challenges ? Puis-je apporter quelque chose à l’agence et ressentir une vraie évolution dans ma carrière ? Est-ce que je gagne un salaire proportionnel à mes compétences, etc…

Niveau personnel, je m’attache toujours à garder une limite précise entre mon travail et ma vie privée. Je ne travaille jamais en dehors de l’agence. J’essaye au mieux de tenir cet engagement, quelque soit la charge de travail ou la pression des collègues restant plus tard ou travaillant “plus” ou me regardant avec un air disant “tu prends ton après-midi?”. Non, je travaille juste de façon plus organisée et efficace, et je n’ai pas besoin d’heures supplémentaires pour accomplir mon travail ! 

5. Comment se passe une journée type chez Squarespace ?

En général j’arrive à l’agence entre 9h30 et 10h. J’organise mon espace de travail, consulte mes mails, et commence à travailler. Une journée type à Squarespace comprend au moins une réunion par jour. Cela permet à l’équipe de rester synchro, présenter les tâches en cours et de définir nos prochains objectifs. Vers midi tout le monde s’arrête le plus souvent pour aller manger à la cafétéria.

Je reprends mes activités une heure après et travaille le plus souvent jusqu’à 17h. En quittant l’agence, soit je vais faire du sport ou alors je rentre chez moi ou sors pour profiter pleinement de la soirée.

6. Parle-nous du projet dont tu es le plus fier.

Je dirais le projet Google Cloud. Ce projet était très compliqué, car peu intéressant au niveau du contenu, et un vrai challenge visuellement. Le plus difficile était de recréer en 3D un centre de données Google et d’expliquer de façon simple et visuelle comment chaque élément qui compose cette structure fonctionne.

Le projet a été plutôt bien reçu par la communauté digitale.

Suivez le travail de Lionel Taurus :

Fils de Graphiste, son folio

@filsdegraphiste sur Twitter

filsdegraphiste sur Behance

Merci d’avoir répondu si franchement à mes questions Lionel ! Je te souhaite une très bonne continuation !

Restez inspirés, avec toutes les interviews sur Webdesigner Trends

Laisser un commentaire :

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*