Rencontre avec Pierre Georges, designer et directeur artistique

Cette nouvelle interview nous embarque du côté de Lausanne, au coeur de la Suisse Vaudoise, à la rencontre du créatif Pierre Georges.

Suivant ces travaux depuis plusieurs années déjà, j’ai eu envie de poser quelques questions à Pierre. L’idée est d’en savoir plus sur ses méthodes de travail, ses sources d’inspiration et son moteur au quotidien.

1. Bonjour Pierre, comment as-tu commencé ta carrière ?

A 16 ans, j’ai commencé une petite école d’art et de design en Suisse. Je ne savais pas encore dans quelle branche me spécialiser. Le côté « généraliste » de la formation m’attirait beaucoup pour cela. J’y ai suivi entre autres des cours d’art plastique, de graphisme, de typographie, d’histoire de l’art, de vidéo, de son et de 3D. Cela m’a donné de superbes bases.

En deuxième année, nouveaux cours, et c’est la que j’ai découvert le web design. J’ai très rapidement su que c’était ce sur point que je voulais me focalise. Entre la créativité nécessaire pour concevoir une identité et la rigueur inhérente au web, j’y ai trouvé mon compte.

2. Peux-tu nous présenter ta situation actuelle ?

Aujourd’hui je suis directeur artistique dans une agence de Lausanne où l’on travaille principalement sur de gros sites corporate.

A côté de ça, je fais également du freelance. C’est important pour moi de pouvoir choisir mes clients, avoir une maîtrise totale sur les projets, et travailler sans autres contraintes que celles que l’on se fixe ensemble. Il me semble que c’est une tendance aujourd’hui. De plus en plus de designers et développeurs partent en freelance. Cela soulève beaucoup de questions. Je suis curieux de voir comment les agences vont réagir à cela d’ici quelques années, si le phénomène continue de prendre de l’ampleur.

J’essaie aussi de me réserver du temps pour m’amuser sur des side projects. C’est important de faire des choses gratuitement, par passion et sans obligation.

3. Quelle est la partie de ton métier que tu préfère ?

Je crois que c’est le tout début d’un projet, lorsqu’on apprend avec quel nouveau client on va bosser. Lorsqu’on est excité à l’idée de créer une nouvelle identité, lorsque le champ des possibles s’ouvre à nous et que les idées fusent dans tous les sens. Je commence par faire un moodboard, puis je mélange totalement UX et UI pendant deux ou trois journées (ou nuitées).

J’essaie de ne pas trop me canaliser et de sortir énormément de visuels et de pistes rapidement. Je ne pense pas qu’on puisse appliquer exactement le même process à chaque projet. J’essai de suivre mon instinct dans un premier temps.

4. En 2015, tu as été nominé dans la catégorie « Freelance Designer of the Year » sur Awwwards. Qu’elle ont été les effets de cette nomination sur ton travail au quotidien ?

Ça a été un immense honneur que d’être reconnu par ma communauté. Aujourd’hui, cette distinction participe à assoir encore plus mon statut d’expert auprès de mes clients. Qui n’a jamais vu son travail être remis en question par un client qui jouait les apprentis designer ? Heureusement, cela n’arrive presque plus aujourd’hui. Cette distinction met en confiance, on me donne souvent carte blanche.

5. Tu réside à Lausanne. Quelle perception as-tu du numérique au niveau de l’économie locale ? 

En Suisse, nous avons de très grands graphistes et typographes. Notre réputation dans ces domaines est mondiale. Et pourtant, dans le web nous sommes globalement en retard par rapport aux pays qui nous entourent. Ici, les marques accordent aujourd’hui beaucoup d’importance (et donc un budget) au print, et négligent souvent les sites web qui se contentent souvent d’être juste informatifs.

Difficile de convaincre les marques et entreprises suisses que leur identité digitale est tout aussi importante, et qu’elle peut faire la différence face à leurs concurrents. J’accorde beaucoup d’importance au design émotionnel, et j’essai d’en parler un maximum autour de moi.

Provoquer des émotions à l’utilisateur inscrira la marque dans ses souvenirs bien plus fortement. Dans tous les cas, j’espère faire bouger les choses à mon échelle, et me faire une réputation dans la région. Je suis d’ailleurs en train de monter un collectif composé de designers, illustrateurs et développeurs talentueux et avec la même envie de faire des projets plus innovants et créatifs. Le site devrait sortir cet été.

6. Quel est le projet le plus mémorable sur lequel tu as pu travailler ?

J’ai effectué un bachelor à l’ECAL, et à chaque semestre nous avions une semaine bloc. Un sujet était apporté par un artiste étranger, et nous devions tous travailler 4 jours dessus. Le vendredi, chacun présentait son travail, et les résultats étaient toujours tellement intéressants !

Travailler dans l’urgence et en mode prototype était vraiment hyper productif et efficace. Aujourd’hui avec mes clients, j’essai d’appliquer cette méthode workshop pour faire ressortir rapidement les choses importantes. On a tout le temps d’affiner, améliorer et détailler les choses par la suite.

7. Qui sont tes designers de référence ?

Hleb Marholin – Ray Sison – Norgram – Aristide Benoist – This Also – Studio Feixen – Sergey Gurov – Bleed – Marc Kremers – Spassky Fischer

8. Au-delà du travail, que fais-tu pour décrocher et te relaxer ?

Je suis passionné par tous les médias qui peuvent proposer des images fortes. Jeux vidéos, romans graphiques, films et séries.

J’ai adoré LastMan, The Last of Us, Master of None, Head Lopper, Legion… Quand je sature, je vais marcher en forêt ou en montagne. C’est important de faire des pauses pour se ressourcer, mais je n’en fais vraiment pas assez. Difficile de s’arrêter quand il y a tellement à voir, tellement à faire.

9. Et pour finir, quel est LE conseil que tu donnerai à un débutant ?

C’est en forgeant beaucoup que l’on devient un bon forgeron.

Il n’y a pas de miracle, au début il faut observer, comprendre pourquoi ça fonctionne, pourquoi c’est beau, s’inspirer, designer, recommencer. Tous les jours, sur des choses qui nous amusent et nous challenge. C’est important de bosser pour quelque chose que l’on aime, pour des projets que l’on a vraiment envie de soutenir.

Suivez Pierre Georges  : 

www.pierregeorges.ch

@pierre__georges sur Twitter

Merci beaucoup pour ta participation à cette interview ! Je te souhaite le meilleur pour tes futurs projets en agence et en free. Longue route à toi !

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